Emmanuel Zemmour élu président de l’UNEF

Le 82e  congrès de l’UNEF  qui s’achève à Montpellier s’est conclu par l’élection de son président en la personne d’Emmanuel Zemmour de la tendance Majorité nationale. Celui-ci succède à Jean-Baptiste Prévos étudiant en Normal sup réélu en avril 2009. Âgé de 23 ans, Emmanuel Zemmour est étudiants à l’ENS (école normale supérieur) en master 1 économie. Il est adhérent à l’UNEF depuis quatre ans et membre du bureau national depuis deux ans où il a d’abord été en charge des questions universitaires avant d’être élu vice-président de l’Unef le 30 janvier dernier.

Seule candidat en lice pour prendre la tête du premier syndicat étudiant (L’UNEF dit compter 31.000 adhérents sur 2,2 millions d’étudiants au total, contre 30.000 en 2009), le nouveau président avait ouvert le congrès de Montpellier en marquant son attachement à imposer les aspirations des jeunes dans le débat public. « En refusant de nous écouter le gouvernement enfonce de plus en plus le pays dans la crise démocratique. »

Après avoir débattu du statut social de la jeunesse, des perspectives d’avenir syndicale et des moyens pour y parvenir, les 900 délégués étudiants ont approuvé les orientations du syndicat. La tendance Majorité national remporte 81,79% des voix, la tendance pour un UNEF unitaire et démocratique regroupe 11,78% des votes exprimés et la tendance refondation syndicale 6,43%. Elu à la proportionnelle, le nouveau bureau national a désigné sans surprise Luc Zémmour qui accède à la présidence pour deux ans.

Ce congrès est l’occasion d’affirmer que l’UNEF est une force de proposition mais aussi, et surtout, un moyen d’agir notamment sur l’emploi des jeunes. « Il faut tordre le coup à l’idée qui veut que les jeunes soient inemployables. Les entreprises raffolent des jeunes quand il s’agit de remplacer un CDI par un contrat précaire. Nous ne réclamons pas un statut dérogatoire comme les gouvernements successifs nous l’ont proposé. Nous réclamons le droit commun, un CDI pour tous avec une rémunération à la hauteur de nos qualifications. » a martelé le président en ouverture du Congrès. Vie étudiante, rénovation du diplôme de la licence, suivi critique de la loi LRU sur l’autonomie des universités, grand emprunt, les chantiers qui attendent M. Zemmour sont désormais nombreux.

Surtout, un an avant l’élection présidentielle. « Avec Emmanuel, c’est le changement dans la continuité », assure son prédécesseur Jean-Baptiste Prévost.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Education, rubrique Politique La part de vérité des acteurs du PSU,

Emmanuel Zemmour s’exprime  sur la dynamique qu’il compte insuffler à l’UNEF.

Les fourberies de Sarko

Nous y voilà une fois encore. Tous les dix ans, ça recommence, mais cette fois, on atteint des sommets. On n’a jamais autant fouillé dans les ruines de 68 depuis que le président a déclaré qu’il fallait en finir avec ça. On résiste, du moins on s’en donne l’air. Mais l’homme est habile. C’est un peu comme avec les Grenelle qui  tuent le Grenelle… Remarquez que sur les grands accords, le président est resté fidèle à l’esprit politique. Dont l’un des objets, partagé par la gauche et les syndicats, était de remettre tout le monde au boulot en restaurant l’autorité vacillante.

Relégitimer l’institution, plutôt que d’accompagner le passage vers une autre organisation de la société. Empêcher les étudiants et les travailleurs de rester maîtres de leur mouvement. C’est la première mort de 68.

Depuis quarante ans, les derniers soubresauts du renouveau soixante-huitard ont largement été achevés par la gauche. Il suffit de se référer au nouveaux espoirs du PS en combat pour savoir qui sera le plus libéral, pour le comprendre. Après le bide du pouvoir d’achat, le génie de Sarkozy est d’avoir su trouver un objectif atteignable en ces temps si difficile. N’est ce pas une merveille d’ingéniosité que de vouloir définitivement terminer ce qui n’existe déjà plus ?

A la génération 68 a succédé la génération sida. Prônant une alliance entre les deux rives de la Méditerranée, elle s’est faite entendre l’année dernière en signant un manifeste appelant les sociétés civiles à travailler ensemble à la conquête de nouveaux droits. Mais cette autre vision de la rupture serait beaucoup plus crédible si elle ne comptait pas des signatures comme celle de Cohn-Bendit, de Jack Lang ou de l’actuel directeur général du FMI.

La vraie invention collective viendra peut-être de la génération anti-CPE. Qui a su ouvrir un cycle de protestation soutenu et prolongé en mobilisant leur famille. Espérons qu’elle saura trouver sa place en gardant des distances avec ses aînés politiques à bout de souffle.

Jean-Marie Dinh