Au Pakistan, la démocratie plus forte que les menaces

Malgré les menaces des talibans, 60 % des 86 millions d’électeurs pakistanais se sont rendus aux urnes samedi pour élire leurs députés. Nawaz Sharif, ancien premier ministre  à la tête de la Ligue musulmane du Pakistan, a revendiqué la victoire.

Elections au Pakistan. AFP

Samedi, à Islamabad, des femmes attendaient pour voter. Les observateurs ont fait état d’une élection « majoritairement pacifique », malgré les cinq attentats qui ont fait 21 morts à travers le pays.

Les talibans avaient prévenu. Quiconque participerait au processus démocratique pourrait y laisser sa vie. Pourtant, dans tout le pays, des files d’attente se formaient samedi devant les bureaux de vote. Les Pakistanais étaient appelés à choisir les 342 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale et ceux des quatre assemblées provinciales. Ils éliront ensuite le premier ministre.

Pour la première fois depuis l’indépendance du Pakistan en 1947, la transition se fait par les urnes et au terme d’un mandat complet de cinq ans. Près de 60 % des 86 millions d’électeurs enregistrés ont pris part à ce scrutin historique, contre 44 % en 2008. Une participation « énorme » selon la commission électorale.

La bombe qui a explosé plus tôt ne semble pas les avoir découragés

À Peshawar, les prospectus menaçants distribués avant les élections par les talibans n’ont pas dissuadé les habitants. Nichée dans la province conservatrice du Khyber Pakhtunkhwa (KP), la ville est souvent touchée par les violences des terroristes logés dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. « Mais peu de personnes ont vraiment peur des menaces ici », estime Ijaz Khan, officier de police chargé de la sécurité d’un bureau de vote.

De fait, le préau du lycée transformé pour l’occasion ne désemplit pas?; l’un des nombreux hommes présents est en fauteuil roulant. « Il est la preuve que les Pakistanais croient en la démocratie malgré les obstacles?! », plaisante un jeune de 24 ans venu apporter sa voix à Imran Khan, ancien joueur de cricket reconverti dans la politique. À quelques pas de l’urne, Mohammad attend son tour. « Nous voulons une révolution?! », s’emballe-t-il. « Je vote pour que nous ayons tous les mêmes droits. » La bombe qui a explosé plus tôt dans la matinée près d’un bureau de vote ne semble pas les avoir découragés.

Quelques kilomètres plus loin, dans une rue à l’abri des regards, femmes et enfants sont réunis dans une cour d’école. Trois pièces sommairement transformées, quatre officiers de police et près de 1 500 femmes déjà venues voter à la mi-journée. « Je ne pensais pas qu’elles seraient aussi nombreuses à venir », se ravit Naheeda Wasim, responsable du bureau de vote. « La plupart d’entre elles ne savent pas comment ça marche », reconnaît-elle.

Partout, l’affluence était telle que les bureaux de vote ont dû rester ouverts une heure de plus que prévu.

« C’est la première fois que je vote, explique une femme de 60 ans qui en paraît vingt de plus. Je le fais pour la prospérité du pays. J’espère que quelqu’un viendra et nous aidera », explique-t-elle. Dans d’autres circonscriptions du KP, certaines femmes ont toutefois été empêchées d’aller voter selon la Fafen, un organisme indépendant chargé de surveiller la campagne et le scrutin. Les observateurs ont fait état d’une élection « majoritairement pacifique », même si cinq attentats ont eu lieu dans la journée dans plusieurs endroits du pays faisant 21 morts.

Partout, l’affluence était telle que les bureaux de vote ont dû rester ouverts une heure de plus que prévu. Dès la tombée de la nuit, les slogans de victoire de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) et du Mouvement pour la justice (PTI) résonnaient dans la capitale. Selon des résultats partiels, le PML-N mené par Nawaz Sharif raflerait près de 120 sièges à l’Assemblée. S’il n’obtient pas de majorité, l’ancien premier ministre de centre droit, déchu du pouvoir en 1999 après le coup d’État de Pervez Moucharraf, devra former une coalition.

Le PTI, dont le leader Imran Khan avait beaucoup misé sur les nombreux jeunes primo-votants, a réussi son coup. Il emporte près de 35 sièges, alors qu’il n’en avait qu’un lors des élections de 2002. En revanche, la défaite est cuisante pour le Parti du peuple pakistanais, à la tête de la coalition sortante. Le parti de l’ancien président Ali Asaf Zardari semble avoir payé les frais de son mauvais bilan économique et siégera probablement sur les bancs de l’opposition.

Source La Croix le 12/05/13

 

Pakistan : Victoire de la droite libérale aux législatives

Nawaz Sharif brigue un troisième mandat de Premier ministre.

La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) est sortie victorieuse des élections législatives de samedi. Son leader, le magnat de l’acier Nawaz Sharif, brigue un troisième mandat de Premier ministre. Le scrutin a été marqué par une participation atteignant 60 %, un record depuis les législatives de 1977, et ce malgré les menaces des talibans. Le Mouvement des talibans du Pakistan s’était opposé aux élections, les jugeant « non islamiques ». Résultat : une série d’attentats dans plusieurs villes du pays, faisant 26 morts et plusieurs dizaines de blessés. Nawaz Sharif, qui avait prôné le dialogue avec les talibans lors de la campagne, soutient maintenant les États-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme ». Le double jeu du Pakistan continue…
Source : Politis 16/05/13

 

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