Régionales. Le candidat Dominique Reynié (LR UDI) confirme son échec

Dominique Reynié seul candidat LR arrivé dernière le FN. Photo Dr

Dominique Reynié seul candidat LR arrivé dernière le FN. Photo Dr

LR-UDI-MoDem. L’électorat de droite n’a pas cédé aux appels du pied du frontiste Aliot. Son score reste médiocre.

La contre-performance républicaine du 1er tour s’était soldée pour le candidat LR-UDI-MoDem Dominique Reynié, par un mauvais résultat : 18,8% des voix sur la grande région. Avec 21,6% des voix au 2e tour le candidat confirme son échec.

En 2010, Raymond Couderc réalisait pour l’UMP 26,4%tandis que son homologue Brigitte Bareges en Midi-Pyrénées recueillait 32,2% des suffrages. En revanche la stratégie de l’entre-deux tour menée par Louis Aliot sur le thème du vote utile à droite n’a pas fonctionné. L’électorat traditionnel de droite a probablement réaffirmé son vote sans le reporter sur le candidat frontiste.

Dominique Reynié améliore son score de deux petits points entre les deux tours. Il n’a pas profité de l’apport de voix massif de la mobilisation des abstentionnistes qui ont joué un rôle crucial dans la victoire de Carole Delga. Le maintien de sa candidature y contribue également partiellement. Si Dominique Reynié s’est inscrit à cette occasion dans la stratégie prônée par Nicolas Sarkozy, cela n’efface pas les querelles intestines qui ont émaillé la campagne dans le camp de la droite.

Une partie de ses ténors régionaux n’ont jamais admis le parachutage du politologue ex-star des plateaux télés, notamment dans le Gard. En novembre, Dominique Reynié avait modifié sa liste en excluant le secrétaire général héraultais Arnaud Julien contre l’avis de Sarkozy.

Cette bataille interne se ressent dans les résultats puisque Dominique Reynié, est le seul candidat LR arrivé derrière le FN au second tour. Dans bon nombre des treize départements il ne dépasse pas la barre des 20% : Hérault 19,17%, Gard 19,95%, Lozère 32,16%, Aude 16,92%, PO 19,01%, Ariège 17,26%, Haute-Garonne 21,08%, Hautes-Pyrénées 22,32%, Gers 23,45, Tarn-et-Garone 22,86%, Tarn 23,29%, Lot 24,5%, Aveyron 32,7%. Dans beaucoup de villes du Gard et de l’Hérault la progression du FN s’opère en défaveur de la droite classique comme en témoigne le résultat de Dominique Reynié à Béziers (16,67%), Nîmes (23,05%), Lunel (17,41%) et Montpellier (18,75%). La droite occupera 25 sièges dans la future assemblée régionale.

JMDH

Source : La Marseillaise 14/12/2015

Voir aussi Actualité locale : Rubrique Politique, Politique Locale, A Beaucaire, le FN dans un gant de velours,

 

Michéa et la gauche de notre imaginaire collectif

Pour défendre le socialisme il faut commencer par l’attaquer » disait l’auteur de 1984. Plus que jamais fidèle à la pensée d’Orwell, Jean-Claude Michéa pose, dans son dernier ouvrage, Le Complexe d’Orphée une réflexion critique sur la gauche française. La thèse du philosophe remet en question les grandes tendances – Droite et Gauche -. On aurait remplacé le parti unique par l’alternance unique mais au fond rien ne change… Entretien

A gauche tout se passe comme si, le point de vue idéaliste, au sens moral et intellectuel, accorde au débat idéologique une circonstance propre et indépendante des facteurs sociaux et des décisions politiques qui aliènent les peuples. Jusqu’où peut-on pousser ce paradoxe ?

Ce qui me paraît paradoxal, en l’occurrence, c’est plutôt l’idée qu’une politique radicale devrait essentiellement travailler à exacerber les « contradictions au sein du peuple » – celles qui sont censées opposer un « peuple de gauche », progressiste dans l’âme, et un « peuple de droite », conservateur par nature – tout en s’efforçant, par ailleurs, de marginaliser la contradiction principale de la société libérale – celle qui oppose les détenteurs du capital ( autrement dit les élites qui contrôlent la richesse, le pouvoir et l’information) à l’ensemble des classes populaires. Il est symptomatique, par exemple, que le terme de « classe dominante » (ou celui de « bourgeoisie ») ait presque totalement disparu du vocabulaire politique et médiatique contemporain, alors même que jamais, dans l’histoire, le destin des individus et des peuples n’avait dépendu à un tel point des décisions prises – hors de tout contrôle démocratique – par une minorité privilégiée.

Une idée clef, que vous explorez en revenant sur l’histoire de la pensée politique dans Le complexe d’Orphée

C’est l’histoire de ce refoulement progressif de la critique de la société capitaliste comme système fondé sur l’exploitation du grand nombre par des minorités privilégiées (critique qui était au cœur du projet socialiste originel) au profit de l’idée qu’elle reposerait d’abord sur un antagonisme entre un « peuple de gauche » et un « peuple de droite », que j’ai cherché à décrire dans complexe d’Orphée. Je rappelle que la « gauche » – au sens particulier que ce terme conserve encore dans notre imaginaire collectif – constituait, en réalité, une configuration idéologique beaucoup plus récente que ne le laisse supposer la légende officielle. Elle n’a véritablement pris naissance que dans le cadre du compromis historique – scellé lors de l’affaire Dreyfus – entre les principaux représentants du mouvement ouvrier socialiste et ceux de la bourgeoisie républicaine et libérale. Ce compromis politique, au départ essentiellement défensif, visait à dresser un « front républicain » contre la droite de l’époque (les « Blancs et les « ultras » de la « Réaction » cléricale et monarchiste) qui demeurait extrêmement puissante et dont les menées séditieuses constituaient une menace croissante pour un système républicain encore fragile.

C’est la nature même de ce pacte défensif qui explique que la gauche du XX ème siècle ait pu si longtemps reprendre à son compte une partie importante des revendications ouvrières et syndicales. Il était clair, cependant, qu’une alliance aussi ambiguë entre partisans de la démocratie libérale (et donc de l’économie de marché) et défenseurs de l’autonomie de la classe ouvrière et de ses alliés ne pouvait pas se prolonger éternellement.

L’accélération de la mondialisation libérale ne cesse de fissurer les valeurs républicaines en déniant notamment toute compétence à la pensée critique d’écrire sa propre histoire …

Le ralentissement de la croissance industrielle et la baisse tendancielle de leur taux de profit – devenues manifestes au début des années soixante-dix – a conduit les grandes firmes capitalistes occidentales à imposer la « liberté des échanges » à l’ensemble des pays de la planète et à démanteler ainsi toutes les frontières protectrices (et, par conséquent, tous les acquis sociaux) que les différents Etats « keynésiens » étaient parvenus à mettre en place au lendemain de la victoire sur le nazisme.

C’est dans ce nouveau contexte d’un « monde ouvert » (la « libre circulation des marchandises, des capitaux, des services et des hommes ») et d’une concurrence « libre et non faussée » qu’a pu être imposée à l’opinion publique (on connaît, en France, le rôle décisif joué, dans une telle opération médiatique, par la critique de l’Etat opérée par les « nouveaux philosophes ») la nouvelle gauche mitterrandiste. Cette capitulation en rase campagne devant la religion du marché explique qu’il n’y ait plus guère de différences, aujourd’hui, entre un programme économique « de gauche » et un programme économique « de droite » (aucun journaliste, par exemple, n’a trouvé stupéfiant le fait que ce soit précisément Christine Lagarde qui ait été choisie par le FMI pour poursuivre la même politique que Dominique Strauss-Kahn).

Comment parvient-on à éluder la question sociale après cette capitulation idéologique ?

Depuis le milieu des années quatre-vingt – toute référence à la question sociale a été définitivement balayée au profit de ces seules questions « sociétales » (mariage gay, légalisation des drogues, vote des étrangers etc.) dont la principale fonction médiatique est de maintenir à tout prix (et surtout en période électorale) cette division permanente entre un « peuple de gauche » et un « peuple de droite » qui rend, par définition, impossible toute alliance anticapitaliste entre les différentes catégories populaires. Il est clair, en effet, que la seule chose que redoute l’oligarchie dirigeante – cette alliance des élites économiques, politiques et culturelles – ce serait l’émergence d’un véritable front populaire ou d’un nouveau printemps des peuples capable de s’attaquer réellement aux bases matérielles et morales du pouvoir qu’elle exerce de façon croissante sur la vie des gens ordinaires.

Recueillis par Jean-Marie Dinh

Le Complexe d’Orphée : La Gauche, les gens ordinaires et la religion du Progrès, éditions Climats.

Voir aussi : Rubrique, Livre, /essais », rubrique Philosophie,rubrique Rencontre,