Deon Mayer : « Je ne dresse pas d’agenda politique »

Photo Rédouane Anfoussi

Le Sud-africain Deon Mayer signe Kobra (ed Seuil) et 7 jours (éd Point).

Dans le dernier Deon Mayer Kobra (Seuil 2014) Benny Griessel, membre de l’unité d’inspecteurs sud-africains surnommés les Hawks (Faucons) est toujours rivé sur le nombre de jours d’abstinence après 13 ans d’alcoolisme lié à son passé de flic durant l’apartheid. Sur la piste d’un mystérieux britannique Paul Anthony Morris, Benny et ses collègues ont pour seul indice : des douilles de cartouches gravées d’une tête de cobra. Dès le début, Benny se heurte à la réticence du consulat et de sa hiérarchie. Quand le disparu, se révèle être l’inventeur d’un logiciel permettant de repérer le parcours de l’argent sale dans les transactions financières mondiales, les choses se compliquent. Rencontre avec l’auteur afrikaner de roman noir à l’occasion de la présentation de son livre à Montpellier.

Votre livre est très bien ficelé avec une intrigue qui tient en haleine, pourquoi avoir choisi le thème mondial de l’argent sale et le contextualiser en Afrique du Sud ?

La sphère financière est l’objet d’une somme incroyable de manipulations. C’est un phénomène international qui concerne tous les pays à des degrés différents et bien-sûr l’Afrique du Sud, où l’on observe une grosse croissance des produits de télécommunication et d’information connectés à Internet. Aujourd’hui, on peut tout faire à partir d’un simple téléphone mobile ce qui redessine en partie les zones d’influence et de pouvoir. Cela me fascine.

En toile de fond de l’action, vous évoquez l’état de votre pays mais plutôt en creux, pourquoi cette retenue ?

Ma priorité est de faire parler les personnages. Je ne dresse pas un agenda politique, ce serait malhonnête de la part d’un auteur. J’explore le sujet à travers mes personnages ce qui apporte plusieurs points de vues en parallèle et offre une perspective globale.

La disparition du chercheur soulève des réactions différentes, tandis que certains se préoccupent de l’image nationale, d’autres ne font pas confiance au pouvoir pour gérer la situation…

En Afrique du Sud, la police reste très politisée même si elle travaille bien, on l’utilise parfois à des fins politiques. Face à la résonance que prend l’affaire Cobra, on trouve des policiers très soucieux de préserver l’image du pays et d’autres beaucoup plus méfiants. Cela représente des courants d’opinions qui circulent en Afrique du Sud aujourd’hui.

Votre livre laisse filtrer des problématiques sociales comme l’éducation où l’immigration, et politiques comme la question des inégalités…

Durant les vingt dernières années, nous avons fait d’énormes progrès en matière d’éducation. Nous sommes parvenus à un seul système pour tous, le problème demeure la pauvreté qui ne permet pas à tout le monde de suivre une scolarité. Au sud de l’équateur les populations des pays voisins veulent rejoindre l’Afrique du Sud dont l’économie n’est pas assez puissante pour accueillir le flux d’immigrants. C’est comparable à l’Europe.»

Recueilli par JMDH

Source : La Marseillaise, 11/10/2014

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