L’Europe en mode rigueur

monnaieEn France: Le déficit public, attendu au niveau record de 8% du PIB cette année, doit revenir à 3% en 2013, a promis le gouvernement, qui a annoncé un gel des dépenses de l’Etat pendant trois ans. D’autres réductions des dépenses sont aussi à l’ordre du jour, ainsi qu’une diminution de cinq milliards en deux ans des niches fiscales.

Au Royaume-Uni: Le nouveau gouvernement a présenté lundi un premier programme de 6,2 milliards de livres (7,2 milliards d’euros) de coupes immédiates dans les dépenses des ministères, n’épargnant que la santé, la défense et l’aide au développement. Les «quangos», des organismes para-publics, seront fortement réduits et les recrutements sont gelés. Le déficit britannique a atteint 11,1% du PIB à la fin de l’année budgétaire achevée fin mars.

En Espagne: Madrid a annoncé en janvier un plan d’austérité de 50 milliards d’euros d’ici 2013 afin de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013, contre 11,2% en 2009. Sous la pression des marchés et des partenaires européens, le gouvernement a approuvé la semaine dernière une accélération de cette cure, avec des économies de 15 milliards dès 2010 et 2011. Cela comprend une baisse des salaires des fonctionnaires en moyenne de 5% dès juin et un gel de la revalorisation de certaines retraites en 2011.

Au Portugal: Face au risque d’une contagion de la crise grecque, Lisbonne a renforcé en mai ses objectifs de redressement budgétaire, promettant de ramener son déficit de 9,4% du PIB en 2009 à 4,6% dès 2011. Après l’annonce en février d’un programme axé sur une réduction des dépenses, le gouvernement a décidé une hausse générale des impôts

En Grèce: Après avoir annoncé en mars des économies de 4,8 milliards d’euros, Athènes a adopté en mai un nouveau plan visant à réduire de 30 milliards le déficit public, qui frôlait l’an dernier 14% du PIB, pour le ramener d’ici 2014 sous le seuil européen de 3%. Cette cure de rigueur sans précédent, contrepartie de l’aide financière de la zone euro et du FMI, combine des hausses des prélèvements obligatoires, notamment de la TVA, et des coupes salariales dans la fonction publique. Les réformes des retraites et du marché du travail, ainsi que la lutte contre une évasion fiscale endémique, doivent compléter ce programme..

En Irlande: En 2009, Dublin a adopté deux plans d’austérité de 3 et 4 milliards d’euros, pour ramener le déficit public à 11,5% du PIB en 2010, après 14,3% en 2009. Parmi ces mesures figurent une baisse des allocations sociales et une réduction de 5 à 15% des salaires des fonctionnaires.

En Italie: Rome devait approuver mardi une cure d’austérité de 24 milliards d’euros pour 2011-2012. Il devrait s’agir de deux tiers de réductions des dépenses publiques et d’un tiers de recettes fiscales supplémentaires, tandis que les salaires des fonctionnaires seraient gelés pendant trois ans. Le déficit public de l’Italie est resté limité à 5,3% du PIB en 2009, mais la dette, l’une des plus élevées au monde, représentait 115,8% du PIB.

AFP

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Le FMI presse l’Espagne d’adopter des réformes «urgentes»

Le socialiste espagnol Zapatero à l'heure de la rigueur

Le Fonds monétaire international (FMI) recommande à l’Espagne des réformes « urgentes » pour améliorer le fonctionnement de son marché du travail et de son système bancaire, à l’issue d’une mission dans le pays. Cette injonction intervient alors que ce dimanche le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a affirmé que son gouvernement tiendrait bon sur la réduction des dépenses publiques malgré les pressions des syndicats qui ont brandi la menace d’une grève générale contre les mesures d’austérité.

« La politique du gouvernement doit se concentrer sur un rééquilibrage en douceur de l’économie », a indiqué le FMI dans un communiqué, appelant à « une action urgente et déterminée ». Le FMI a donné trois priorités.

La première est de « rendre le marché du travail plus flexible pour favoriser l’emploi et sa redistribution entre secteurs », dans un pays où le taux de chômage a dépassé les 20% au premier trimestre. Le Fonds souhaite en particulier que le coût du licenciement soit abaissé « au moins aux niveaux moyens en vigueur dans l’Union européenne », que l’indexation des salaires avec l’inflation soit abolie et une « décentralisation de la fixation des salaires ».

La deuxième priorité est une « consolidation budgétaire pour asseoir les finances publiques sur une base viable ». Le gouvernement a lancé des mesures d’austérité destinées à économiser 15 milliards d’euros en 2010 et 2011. « Une consolidation budgétaire ambitieuse est en cours pour atteindre l’objectif d’un déficit de 3% du PIB d’ici à 2013 », a rappelé le FMI qui a affirmé son soutien aux mesures adoptées en Conseil des ministres jeudi. « Le fait d’atteindre ces objectifs sera critique et tout dérapage doit être vigoureusement contrecarré », a estimé le Fonds, qui, dans les scénarios pouvant menacer la reprise de l’économie espagnole, inclut une hausse des taux d’intérêt pour les emprunts d’Etat mais aussi pour ceux du secteur privé.

La troisième priorité est « une consolidation du secteur bancaire et une réforme pour renforcer la santé et l’efficacité du système », pour lequel « les risques restent élevés et inégalement répartis entre institutions, concentrés principalement sur les caisses d’épargne ». Ces risques ont encore été illustrés samedi par le placement d’une de ces caisses d’épargne, la Cajasur, sous tutelle de la Banque d’Espagne. « L’économie de l’Espagne a besoin de réformes profondes et complètes. Les difficultés sont immenses », a expliqué le FMI, relevant entre autres les « dysfonctionnements du marché du travail », un « déficit budgétaire élevé » ou encore une « croissance de la productivité anémique » et une « faible compétitivité ». Il a rappelé qu’il tablait sur « une poursuite de l’ajustement des divers déséquilibres avec une croissance en hausse progressive, vers 1,5 à 2% à moyen terme ».

En avril, le FMI avait indiqué qu’il prévoyait un recul de 0,4% du produit intérieur brut en 2010, avant une croissance de 0,9% en 2011. Il doit désormais rédiger son rapport annuel sur l’économie espagnole, qui doit détailler tous ces éléments et être publié à l’été.

AFP

Si Pékin cessait d’acheter la dette américaine

Aux Etats-Unis, depuis un an, les esprits s’échauffent à l’idée que la Chine, mécontente de la politique étrangère du président Barack Obama, décide, en guise de représailles, de ne plus acheter de bons du Trésor américains. A en croire les sombres prophéties de nombreux analystes, pareille mesure déclencherait une apocalypse financière qui mettrait l’économie américaine à genoux (1).

La menace chinoise constitue un argument commode pour inciter la Maison Blanche à plus d’orthodoxie en matière fiscale et monétaire. Elle permet d’inciter l’administration Obama à renoncer à ses tentatives d’obtenir que Pékin réévalue le yuan par rapport au dollar. Elle s’avère utile également pour réclamer des coupes dans les programmes d’aide aux plus démunis, au premier rang desquels le projet de réforme des retraites. Dès lors que la Chine ne « recycle » pas une partie de ses gigantesques excédents commerciaux pour éponger la dette des Etats-Unis, le bon sens ne va-t-il pas commander de colmater le déficit budgétaire par tous les moyens disponibles ?

Le spectre d’une rétorsion chinoise tient aujourd’hui une place centrale dans le débat politique américain, au même titre que le péril d’un cataclysme nucléaire au temps de la guerre froide. Dans les deux cas, on agite un chiffon rouge pour imposer les positions politiques les plus conservatrices.

Il y a pourtant une différence de taille entre ces deux épisodes. Si la crainte d’un conflit nucléaire a été largement exagérée (les belligérants se montraient en fait assez prudents dans leurs menaces de recourir à la force de frappe), elle n’en présentait pas moins un certain degré de vraisemblance. Or il en va tout autrement de l’épouvantail d’une vengeance chinoise, intégralement inventé ou presque pour les besoins de la cause. En réalité, si les bons du Trésor américains ne trouvaient plus preneur à Pékin, les Etats-Unis n’en souffriraient pas. On peut même parier qu’une telle mesure serait bénéfique à leur économie. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler quelques principes économiques de base.

La Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) et la Banque centrale chinoise constituent les acteurs-clés de l’économie américaine. Elles jouent toutes deux à peu près le même rôle : injecter une partie de leurs immenses réserves de liquidités dans les circuits économiques en achetant des actifs à long ou à court terme. La Fed intervient habituellement sur les marchés à court terme. Depuis la crise des subprime, elle a toutefois changé son fusil d’épaule en ouvrant les vannes du crédit et en investissant sur les marchés à long terme. Cette réorientation s’est traduite par une acquisition massive de bons du Trésor et de titres hypothécaires.

Cris d’orfraie relayés par les médias

La Banque centrale chinoise, de son côté, a elle aussi injecté d’énormes flux de liquidités dans le système en raflant à tour de bras des actifs à long comme à court termes. Au moment où la crise faisait exploser le déficit budgétaire américain, elle s’est montrée particulièrement friande de bons du Trésor négociables à dix ans émis par les Etats-Unis (2).

Supposons maintenant que la Banque centrale chinoise cesse brusquement d’investir dans la dette américaine, que ce soit pour sanctionner l’administration Obama ou pour toute autre raison. Selon les cris d’orfraie relayés par les médias, cela entraînerait inévitablement une montée en flèche des taux d’intérêt aux Etats-Unis, ce qui ruinerait tout espoir de reprise économique. Or ce scénario d’horreur néglige un détail pourtant très simple : il ne tient qu’à la Fed de se substituer à son homologue chinois en achetant les titres en souffrance.

A cela, les spécialistes invités à débattre objectent volontiers qu’une intervention renforcée de la Fed provoquerait une inflation galopante, le retour à la « planche à billets ». Une telle hantise est dénuée de fondement. La santé de l’économie américaine dépend du volume des liquidités disponibles, non de leur origine. Peu importe que ce soit la Fed ou la Banque centrale chinoise qui tienne le robinet, dès lors que celui-ci demeure ouvert. Quand la Chine achète des bons du Trésor, elle maintient les taux d’intérêt américains à un niveau modique, sans pour autant provoquer d’inflation. Il n’y a donc aucune raison de redouter une spirale inflationniste au cas où la Fed pallierait la défection de son homologue chinois.

Les prophètes de la menace chinoise assurent que Pékin continuera d’acheter des actifs en dollars à court terme pour conserver à sa monnaie un cours raisonnable. On est tenté de leur répondre : et alors ? Au cas où leur prévision se réaliserait, on assisterait simplement à une inversion des tâches : la Banque centrale chinoise détiendrait plus de dépôts à court terme et moins d’obligations à long terme, tandis que la Réserve fédérale évoluerait dans le sens inverse.

Mais rien ne dit que la Chine agira de la sorte. Elle pourrait tout aussi bien réduire ses acquisitions d’actifs en dollars. Jusqu’à présent, les achats de bons du Trésor lui permettaient de conserver à un niveau artificiellement bas le cours du yuan. Si Pékin cessait d’acheter des bons du Trésor et des actifs en dollars grâce aux montagnes de devises accumulées par son excédent commercial, cela aurait pour conséquence de faire grimper le cours du yuan face au dollar.

En somme, la menace chinoise ne signifie rien d’autre qu’une possible réévaluation du yuan. Or c’est précisément ce que les Etats-Unis réclament depuis de longues années. Sous la présidence de M. Obama comme sous celle de son prédécesseur George W. Bush, l’administration américaine n’a jamais cessé d’exhorter Pékin à une réévaluation de sa monnaie. Interpellé à ce propos, le premier ministre chinois Wen Jiabao réagissait encore avec vivacité le 13 mars dernier : « Je peux comprendre le désir de certains pays d’accroître leurs exportations, mais ce que je ne comprends pas, c’est de faire pression sur les autres pour qu’ils apprécient leur monnaie. De mon point de vue, c’est du protectionnisme (3). » En quoi serait-ce donc une « menace » si Pékin exauçait enfin les désirs de Washington ?

Un yuan plus cher aurait certes un effet inflationniste aux Etats-Unis, mais c’est un inconvénient mineur anticipé de longue date. La politique du yuan faible constitue un moyen pour la Chine de subventionner ses exportations sur le marché américain — voire sur le marché mondial, puisque cette stratégie monétaire concerne toutes les devises, pas seulement le dollar. Que Pékin délaisse les bons du Trésor et autorise sa monnaie à se revaloriser, et c’en serait fini de son système de subventions à l’exportation.

Dans cette hypothèse, les produits chinois vendus aux Etats-Unis deviendraient plus chers, de même que les marchandises exportées par les pays qui ont lié leur devise au yuan. Assurément, ce renchérissement causerait de l’inflation, mais dans des proportions qui ne dévasteraient nullement l’économie du pays. Des produits chinois plus onéreux permettraient même aux Etats-Unis de rééquilibrer une balance commerciale dont le déficit s’avère de moins en moins supportable.

Les importations en provenance de Chine et des pays ayant aligné leur monnaie sur le yuan représentent moins de 4 % du produit intérieur brut (PIB) américain. Une augmentation de ces produits de 30 % se traduirait par un taux d’inflation de 1,2 %. Ce n’est pas insignifiant, mais assez éloigné tout de même d’une hyperinflation à la zimbabwéenne (4) qu’évoquent certains commentateurs en frissonnant… A titre de comparaison, l’envolée des cours du pétrole, passés en 2008 de 70 à 150 dollars le baril en moins d’un an, a coûté 2 % du PIB aux Etats-Unis. Pourtant, même quand le prix du carburant a crevé le plafond, nul ou presque n’a songé à s’inquiéter d’un risque d’hyperinflation.

Un salutaire rééquilibrage

Des produits chinois plus chers rendraient l’industrie américaine plus compétitive dans de nombreux secteurs, favoriseraient des relocalisations d’emplois et aboutiraient à une baisse sensible des importations — si ce n’est en volume, du moins en parts de marché. On assisterait alors à un salutaire rééquilibrage de la balance commerciale, la croissance générée par la hausse des exportations américaines compensant largement les effets négatifs d’une augmentation des taux d’intérêt.

Il n’y a donc guère de raisons de s’affoler à l’idée que la Chine boycotte les bons du Trésor américains, bien au contraire. De telles représailles pourraient même avantager leur victime désignée, les Etats-Unis…

Dean Baker. (Le Monde Diplomatique)

(1) Avec 889 milliards de dollars en janvier 2010, la Chine est la première créancière de la dette fédérale des Etats-Unis. Le Japon vient ensuite (765 milliards de dollars). (2) Lire Martine Bulard, « Finance, puissances… le monde bascule », Le Monde diplomatique, novembre 2008. (3) Conférence de presse, à la clôture de la session annuelle du Parlement. (4) Estimée à 231 millions % en 2008 !

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Athènes s’enlise toujours plus dans la crise

grece-flic-banqueL’heure est grave. Mais peut-être pas encore désespérée. Quoi qu’il en soit, la décision rendue publique vendredi par l’agence de notation financière Fitch risque d’aggraver un peu plus l’état de santé de la Grèce, déjà au bord de l’infarctus financier. Fitch, troisième et dernier larron des agences de notations, a annoncé qu’elle abaissait de deux crans la note de la dette à long terme de la Grèce, la faisant ainsi glisser de BBB+ à BBB-. Ses raisons ? L’accroissement des déficits budgétaires auxquels le gouvernement grec doit faire face. Début décembre, Fitch avait été la première des agences de notation financière à rétrograder la note de la Grèce, donnant ainsi le signal du départ d’une crise financière dans laquelle Athènes n’a pas cessé de se débattre.

«L’annonce de Fitch est soit totalement stupide, soit totalement irrationnelle, soit irresponsable…» s’emporte Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Avant d’ajouter : «Elle est les trois à la fois.» L’attitude de l’agence ressemble à celle d’un pompier pyromane. Cette nouvelle dégradation pourrait conduire les investisseurs à exiger des taux d’intérêt sur les obligations d’Etat émises par Athènes encore plus élevés. «La Grèce doit déjà verser près de 7,3% d’intérêt sur les nouvelles obligations émises sur les marchés financiers. Ce qui était déjà insupportable comparé aux 3% d’intérêt versés sur les obligations allemandes», note un économiste. Plusieurs questions restaient sans réponses vendredi.

Bulletin. D’abord, les deux autres agences de notation, Moody’s et Standard & Poor’s vont-elles emboîter le pas à Fitch ? Pour l’instant, le bulletin scolaire de la Grèce rédigé par Moody’s affiche un A2, quand celui de Standard & Poor’s est à BBB+. Pas de quoi imaginer le pire des scénarios. En clair, il faudrait que ces deux agences descendent encore de trois niveaux leur note sur la dette souveraine de la Grèce pour asphyxier totalement Athènes.

Car une fois atteinte la limite d’une note BB par les trois agences, la Banque centrale européenne (BCE) ne prendrait alors plus «en pension» les obligations grecques détenues par les banques et les assurances, essentiellement allemandes et françaises. Un établissement financier détenant des obligations d’un Etat ne peut pas se délester de ses titres auprès de la BCE, mais juste de lui déposer «en pension». En échange, la BCE verse aux banques la valeur de cette obligation moins une commission, avec l’obligation pour elles de reprendre leur dû plus tard. Une manière pour les banques de se financer à 1% et d’octroyer ensuite des crédits à 3 ou 4%. Tout bénéf. Mais si la note la Grèce est effectivement dégradée à BB par les trois agences, alors cette belle mécanique s’arrête.

Et les choses se compliquent sérieusement. «Dans ce cas, les consignes sont claires, confie un gestionnaire de fonds. Nous avons ordre de liquider nos positions sur la Grèce.» De quoi déclencher une grosse panique. En Grèce d’abord. En Europe ensuite. Cette contagion finirait par se répandre comme une traînée de poudre sur tout le reste du système financier européen, notamment via les fonds qui se sont gavés de titres de la dette grecque.

«À tout moment». C’est justement pour éviter le pire que l’UE s’est dit prête, dès vendredi, à aider si nécessaire la Grèce. «Nous serons prêts à intervenir si les Grecs le demandent», a déclaré le président de l’UE, Herman Van Rompuy. Quelques instants plus tard, c’était au tour de Nicolas Sarkozy de déclarer : «L’Union européenne est prête à activer son plan de soutien financier à la Grèce à tout moment.» Présent à ses côtés, l’Italien Silvio Berlusconi a abondé dans son sens, allant jusqu’à déclarer : «Nous avons intérêt à apporter tout notre soutien, sinon il y aura des conséquences très négatives sur notre monnaie.» Les dirigeants européens se sont mis d’accord le 25 mars sur un mécanisme, associant des prêts de pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), pour aider Athènes. Selon plusieurs rumeurs, un plan sonnant et trébuchant pourrait même être annoncé dès lundi. Sur les 35 milliards d’euros dont la Grèce a besoin d’ici la fin de l’année, les pays de la zone euro pourraient financer Athènes à des taux allant de 1,5% à 3,5% et à hauteur de 25 milliards. Le reste serait apporté par le FMI.

Mais pour activer un tel plan, il faudra la bénédiction de Berlin. Pas gagné. Le gouvernement allemand est resté vendredi très prudent sur le sujet. Il a assuré par la voix d’un porte-parole du ministère des Finances que le plan d’aide «peut être mis en œuvre rapidement». Mais, a-t-il ajouté, «nous croyons que la Grèce peut arriver à atteindre ses objectifs par ses propres moyens».

Vittorio De Filippis  Libération

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Le Sénat américain adopte un paquet de dépense pour l’année fiscale 2010

Le Sénat américain a approuvé dimanche un paquet de dépenses de 1.100 milliards de dollars américains pour l’année fiscale 2010, excepté le département de la Défense.

Le Sénat, contrôlé par les Démocrates, a adopté, par 57 voix contre 35, ce projet, qui couvre presque la moitié de tous les programmes fédéraux, en attendant la signature du président Barack Obama. Le paquet de 1.000 pages regroupe six des douze plans de dépenses annuels que le Congrès n’avait pas été en mesure d’approuver séparément bien que l’année budgétaire 2010 ait débuté le 1er octobre 2009. Le paquet comprend presque 650 milliards de dollars de subventions médicales et fortifiera la dépense, entre autres, pour le département de l’Education, le département d’Etat, le département de la Santé et des Services humains.

La crise financière et la récession économique continues ont placé les Etats-Unis dans un dilemme fiscal. Des sénateurs démocrates ont déclaré que les dépenses étaient cruciales pour répondre aux besoins d’une économie frappée par la récession. Des Républicains ont accusé le projet de programme de creuser le déficit fédéral qui a battu le record de 1.420 milliards de dollars, établi dans l’année fiscale 2009 se terminant le 30 septembre.

L’administration Obama a souhaité que le déficit fédéral ne dépasse pas 1.500 milliards de dollars au cours de l’année fiscale 2010. Des analystes indiquent que le Congrès américain doit augmenter le plafond de l’endettement, qui s’élève actuellement à 12.100 milliards de dollars, pour que le Trésor puisse continuer à emprunter.

Xinhua

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