Aubry s’étonne que Sarkozy voie la France comme « un pays de croyants »

aubryMartine Aubry (PS) s’est dite mercredi « extrêmement étonnée » par la tribune de Nicolas Sarkozy sur l’identité nationale reprochant au chef de l’Etat de continuer à « parler de la France comme d’un pays de croyants les uns à côté des autres qui s’opposeraient ».

« Cette tribune du président de la République avait pour objectif peut-être de reprendre la main par rapport à un débat qu’il a voulu lancer comme d’habitude pour masquer des échecs », a déclaré la première secrétaire du PS sur France Inter. Mais « j’ai été extrêmement étonnée », a-t-elle poursuivi, car « il continue, il appuie les choses, il nous parle de la France comme d’un pays de croyants les uns à côté des autres qui s’opposeraient ». « Est-ce que vraiment le problème aujourd’hui de la France c’est de savoir comment vivent ensemble des catholiques, des agnostiques, des musulmans, des juifs », a-t-elle demandé. « Nous ne sommes pas un pays confessionnel », a-t-elle dit.

« Ce climat délétère qui vise à montrer l’étranger, celui qui est différent, est contraire ce que nous sommes », a-t-elle affirmé.     « Avec un discours un peu populiste », Nicolas Sarkozy « nous explique qu’il faut écouter les souffrances des gens, qu’il faut écouter le peuple. Eh bien qu’il écoute aujourd’hui l’angoisse des gens, des retraités, des salariés » face à la crise, a dit la maire de Lille. « Une fois de plus, le président donne une impression d’une identité figée remise en cause par ceux qui viendraient d’ailleurs » et « ce n’est vraiment pas digne d’un président de la République », a-t-elle ajouté.

Interrogée sur la demande d’élus UMP d’interdire les drapeaux étrangers lors des mariages en mairie, elle a affirmé n’en avoir pour sa part « jamais vu », avant de déclarer : « c’est quoi ce climat qu’on est en train de nous installer en France : un jour c’est les mariages gris, le lendemain c’est la burqa, le troisième jour ce serait les drapeaux étrangers dans les mairies ». Qu' »on s’occupe plutôt des problèmes des Français », a-t-elle conclu.

AFP

Voir aussi Rubrique document : Sarkozy discours de Latran

Les Suisses contre les minarets

minaret-suisse1Avec une majorité de 57,5 pour cent des voix, les Suisses se sont prononcés dimanche contre la construction de nouveaux minarets. Les partis conservateurs de l’Union démocratique du centre et de l’Union démocratique fédérale sont à l’origine du référendum. Ce résultat trouble la paix des religions, estime la presse.

Die Presse – Autriche

L’interdiction des minarets renforce la peur de l’islam, estime le quotidien Die Presse : « Avec l’interdiction des minarets, les citoyens ont rendu un mauvais service à leur pays. Les près de 4,5 pour cent de musulmans, originaires pour la plupart d’ex-Yougoslavie, sont considérés comme étant généralement bien intégrés, et l’on a rarement fait état de problèmes les concernant. La paix religieuse a été considérablement troublée, et ce inutilement. En outre, un Etat aussi neutre que la Suisse du point de vue religieux doit se comporter de manière toute aussi neutre sur de telles questions. L’issue inattendue de ce vote a provoqué l’inquiétude du gouvernement qui se reflète dans la phrase se voulant apaisante et affirmant que les quatre minarets existants ne devront pas être démolis. Le calcul impitoyable des initiateurs de cette campagne se réalise : ils ont ainsi attisé les peurs d’un fondamentalisme islamique européen militant. Celui-ci constitue certes un problème dans certaines régions de la planète, mais sûrement pas dans le canton d’Appenzell. » (30.11.2009)

Diário de Notícias – Portugal

L’interdiction des minarets en Suisse est archaïque, écrit le quotidien Diário de Notícias : « La Suisse a souligné son intolérance envers une religion qui est en train de croître en Europe en raison de l’afflux d’immigrants. L’interdiction de construction de minarets dans les mosquées n’apportera pas aux Suisses la sécurité [nationale] sur laquelle ils ont basé leur argumentation pendant la campagne. Avec ce vote, … la Suisse donnera plutôt de nouveaux arguments aux extrémistes islamistes. Pendant des siècles, les chrétiens ont été tolérés dans l’islam alors que l’inverse était impensable en Europe. Il y a … aujourd’hui une mosquée à Rome, mais il est impensable qu’un chrétien se rende à La Mecque. La Suisse a décidé de régresser de plusieurs siècles dans l’histoire européenne. » (30.11.2009)

Le Temps – Suisse

Suite au vote en faveur de l’interdiction des minarets, le quotidien Le Temps craint pour l’image internationale de la Suisse : « Loin d’une majorité de hasard, le oui à l’initiative anti-minarets claque de façon retentissante. La campagne a pourtant démontré que la réalité de l’islam en Suisse est en total décalage avec l’image maudite qui colle à cette religion depuis plusieurs années – un intégrisme qui se décline dans des formes aussi choquantes que le terrorisme, la charia, la burka, la lapidation des femmes, etc. Les musulmans de Suisse ne méritent donc pas l’injustice de ce vote sanction inspiré par la peur, les fantasmes et l’ignorance. Si l’on peut tranquillement parier que la même initiative aurait récolté un résultat similaire dans d’autres pays européens, le dégât d’image pour la Suisse n’en est pas moins spectaculaire. » (30.11.2009)

» article intégral (lien externe, français)

Postimees – Estonie

L’interdiction de construire des minarets en Suisse rappelle la dispute sur le voile en France, estime le quotidien Postimees, à quelques différences près : « La dispute dure depuis plus longtemps en Suisse mais c’est au final le parti de droite de l’Union démocratique du centre qui a su justement trouver le moment propice : en raison de la crise économique, il lui a été plus facile d’expliquer aux citoyens pourquoi les minarets devaient symboliser la lutte de pouvoir contre la communauté d’immigrés musulmans en rapide croissance. Dans la dispute sur le voile dans les écoles françaises, les autres symboles religieux tels que les crucifix de grande taille avaient aussi été exclus. Les minarets déjà existants en Suisse ne disparaîtront pas en revanche de l’image des villes. Dans tous les cas, il est encore difficile de dire aujourd’hui si l’interdiction de construire de nouveaux minarets dans un pays multiculturel de près de 400.000 musulmans détruira la paix entre les religions, voire même si elle conjurera un nouveau conflit entre monde musulman et monde occidental. » (30.11.2009)

Voir aussi : Rubrique Livre essai Diversité musulmane,