6 pieds sous terre ou la BD en prise directe avec le réel

Miquel Clémente de 6 pieds sous terre à l’Atelier 2 rue Bayle à Montpellier.

Miquel Clémente de 6 pieds sous terre à l’Atelier 2 rue Bayle à Montpellier.

Edition. L’éditeur régional underground 6 pieds sous terre s’installe à l’Atelier au coeur de Montpellier.

A l’heure où le festival d’Angoulême brille sous les spots light médiatiques – plus sous l’angle de la polémique autour de l’absence de femmes dans la sélection que pour évoquer la richesse et la diversité du 9e art – ouvrons les velux sur une autre vision du monde de la BD, celle de 6 pieds sous terre. Né dans la région, l’éditeur underground incontournable vient de s’installer au coeur de Montpellier. J’en entends déjà qui grognent au fond… Oui parfaitement, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire la lumière (ah ah) sur cette aventure atypique et réjouissante.

Comme le dit le dessinateur Ambre : « Il faut bien que les images naissent de quelque chose. » En l’occurrence, tout est parti de Jade. Revue matrice et non pas vitrine de la maison d’édition qui a fait beaucoup d’émules depuis 1992. On peut même soutenir que la bande de passionnés qui animait cette publication*  autour de la pop culture, de Pierre Henri à Christoph Mueller, se foutait comme de l’an quarante de faire du pognon. Ce qui, nous vous l’accordons, reste parfaitement contraire aux principes des maisons d’édition du XXIe siècle.

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La passion des anabaptistes, tome 2

La passion des anabaptistes, tome 2

La culture de 6 pieds sous terre c’est le fanzinat, c’est-à-dire des productions indépendantes hautement créatives réalisées avec les moyens du bord. Mais n’allez pas croire que l’éditeur publie ses auteurs au rabais. Les tirages sont hyper soignés. On ne lésine pas sur le coût de fabrication. La série en grands format La passion des anabaptistes de Thomas Müntzer, dont le troisième et dernier volume est attendu cette année, relève carrément de l’objet d’art.

Quand on évoque le rapport entretenu entre la maison d’édition et ses auteurs, avec Miquel Clemente, qui s’est collé au gouvernail de cette ténébreuse embarcation, on sent tout de suite qu’on a affaire à une famille du genre Addams : « On les comprend bien, parce qu’on partage ensemble la précarité. »

Grâce à son esprit singulier et novateur, 6 pieds sous terre, a participé au renouvellement de la bande dessinée dans les années 2000. Elle vient de faire un carton avec Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro qui a décroché le grand prix de la critique ACBD. « On en est au 5e retirage depuis mai 2015 on a atteint 25 000 ventes, explique Miquel Clemente, ce qui nous met dans l’embarras parce qu’on doit faire les avances. Les distributeurs nous poussent à produire. Il font des choses que nous ne savons pas faire mais nous n’avons pas le même modèle économique. »

A terme les choses devraient s’arranger. Mais pour le plus grand bonheur de  ses lecteurs l’esprit de la maison persiste et signe comme l’ornithorynque qui fait ce qui lui plait et continue à pondre.

JMDH

w * La revue Jade est aujourd’hui en sommeil… Mais elle pourrait repartir sous une nouvelle forme…

Source : La Marseillaise 30/01/2016

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