Les fondus du 7e art fêtent les 60 ans de Positif à Montpellier

Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg 1970

Etre ou ne pas être positif, là pourrait être la question avec le week-end qui s’est engagé au Centre Rabelais. Depuis hier, le Ciné-Club Jean Vigo et le Cinemed célèbrent les 60 piges de la revue Positif. « C’est la seule revue existante qui considère le cinéma comme un art et pas comme de la communication », souligne Henri Talvat pour le Ciné-Club Jean-Vigo. Scorsese aussi considère Positif, désormais éditée par Actes Sud, comme la meilleure revue de cinéma européenne.
Un prêté pour un rendu, si l’on se souvient que les plumes de cette revue furent les premiers à saisir la révolution du cinéma indépendant américain. Dans la grande bataille critique entre les deux frères ennemis, les Cahiers du Cinéma lancés en 1951 et Positif qui vit le jour un an plus tard, les échanges n’ont pas été  toujours des plus courtois. Pendant une dizaine d’années, les deux mensuels spécialisés se sont envoyé des peaux de bananes à ne plus en finir. « Avec André Bazin Les cahiers étaient plus spiritualistes et Positif plus surréaliste, observe Henri Talvat. Depuis, les rapports entre les deux revues se sont pacifiés, mais leurs préférences cinématographiques demeurent toujours très distinctes. « Pour  simplifier, on peut dire que Les Cahiers sont situés politiquement à droite, alors que Positif, en revanche est carrément ancré à gauche », pense Maurice Roméjon du Ciné-Club Jean Vigo.

Comme quoi, l’exigence des cinéphiles vire facilement au débat passionné. Tant qu’on reste loin des produits manufacturés tournés à la chaîne, ce ne sont pas les amateurs de cinéma qui se plaindront de la diversité des points de vue. « Il faut aussi venir au Ciné-Club Jean-Vigo, glisse encore Henri Talvat, c’est le seul endroit où l’on peut voir des films de répertoire et sortir de l’actualité immédiate qui disparaît rapidement. »

En attendant la prochaine saison, ne boudons pas le plaisir de voir où revoir les films programmés*. Nourris par la contre-culture des années 70 et 80, amoureux éperdus du septième art, Positif  soutient  des réalisateurs  qui mettent en place des univers éminemment personnels. Après le passage hier du réalisateur Alain Cavalier, venu évoquer son premier film Le Combat dans l’île, les critiques Alain Masson et Michel Ciment animeront les débats de la journée autour des quatre premiers films ayant fait la Une de Positif.

* A 10h30 Une fille a parlé de Andrzej Wajda, 14h30 Les points dans les poches de Marco Bellocchio, 17h Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg, 20h Réservoir Dogs de Quentin Tarantino

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