Etats-Unis : la Chambre adopte la suspension de l’accueil de réfugiés syriens et irakiens

 Des réfugiés irakiens. AZAD LASHKARI / REUTERS


Des réfugiés irakiens. AZAD LASHKARI / REUTERS

La réponse, attendue, du Congrès américain aux attentats de Paris se précise. La Chambre des représentants, à majorité républicaine, a adopté jeudi 19 novembre une mesure qui suspendrait l’accueil de réfugiés syriens et irakiens, malgré les appels au sang-froid et la menace de veto du président Obama.

Le texte a été adopté par la majorité républicaine avec l’appui d’une partie des démocrates, par 289 voix contre 137 et huit absents, et doit encore être examiné par le Sénat, où son avenir est incertain.

Quoi qu’il arrive, la Maison Blanche a annoncé que le président mettrait son veto, lequel ne pourra être surmonté qu’avec un nouveau vote à une majorité des deux tiers, soit 290 voix à la Chambre si tous les élus y participaient.

Vague de rejet

Le vote de jeudi est une manifestation de la soudaine vague de rejet des réfugiés syriens qui a gagné tout le pays, en pleine campagne des primaires pour la présidentielle, après les attentats de Paris.

Au moins une famille syrienne a dû être installée à la dernière minute dans le Connecticut après un refus du gouverneur de l’Indiana. Les réfugiés sont accompagnés par des ONG sous contrat avec le département d’Etat, et répartis dans tout le pays.

La proposition de loi républicaine veut obliger le directeur du FBI, le secrétaire à la sécurité intérieure et le directeur du renseignement national à certifier personnellement que chaque réfugié ne pose pas de menace sécuritaire, de nouveaux obstacles qualifiés de dilatoires et d’impraticables par la Maison Blanche et par les ONG. La suspension pourrait durer des années, se sont alarmés des démocrates.

« Ce plan décrète une pause dans le programme. C’est un critère sécuritaire, pas un critère religieux », a déclaré le président républicain de la Chambre, Paul Ryan. Les conservateurs font valoir que le directeur du FBI, James Comey, a lui-même souligné que les Américains disposaient de peu d’informations sur les ressortissants syriens. « Aucun processus n’a de risque zéro », avait dit en octobre le secrétaire à la sécurité intérieure, Jeh Johnson.

« Nous avons déjà commis cette erreur »

L’administration défend fermement sa procédure de sélection des réfugiés, qualifiée de plus rigoureuse que pour n’importe quel autre type de voyageurs aux Etats-Unis. Seulement un peu plus de deux mille réfugiés syriens ont été acceptés à ce jour depuis le début de la guerre civile, en 2011, a rappelé Anne Richard, responsable des réfugiés au département d’Etat.

Leon Rodriguez, directeur des services d’immigration américains, a expliqué que chaque candidat était d’abord sélectionné par l’ONU dans ses camps en Turquie, en Jordanie et en Egypte. Plusieurs bases de données militaires, diplomatiques, criminelles et de renseignement sont ensuite consultées, et les demandeurs passent des entretiens personnels.

L’ajout de la certification par les plus hauts responsables des services de sécurité américains « paralyserait complètement le système sans le rendre plus efficace », a témoigné Mark Hetfield, directeur de l’ONG américaine d’aide aux réfugiés HIAS (Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society).

Les démocrates comparent l’attitude républicaine au rejet pendant la seconde guerre mondiale de réfugiés juifs allemands. « Nous avons déjà commis cette erreur, ne recommençons pas », a dit le représentant Luis Gutierrez.

Source : Le Monde AFP 19/11/2015

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