Kurdes: ils ne mangeront pas du week-end

Qui désire s’informer aujourd’hui sur la place des kurdes au Moyen Orient ? Photo Rédouane Anfoussi

Opinion. Seize kurdes observent une grève de la faim contre la répression.

Depuis le 15 février, date anniversaire qui a conduit à l’arrestation du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan, près de 400 prisonniers politiques kurdes, dont quatre députés du BDP, mènent une grève de la faim illimitée dans les prisons turques. En soutien à leur compatriotes, seize kurdes montpelliérains se sont joints à cette grève qu’ils reconduisent chaque week-end pour une durée de deux jours.

Ils sont unis dans le petit local de l’association d’amitié franco-kurde Mala kurde, à proximité du bd Clemenceau. Revêtus d’un drap blanc sur lequel est inscrit : en grève de la faim, ils ont le regard doux. La discussion s’engage autour d’un thé, leur seul breuvage durant 48 h. La parole tourne, l’un des hommes traduit et chacun peut donner son point de vue. L’action menée à Montpellier participe d’un mouvement européen pour sensibiliser l’opinion à la répression menée par le gouvernement libéral turc d’Erdogan contre le peuple kurde. Du 1er au 18 février, les kurdes d’Europe ont mené une longue marche de Genève à Strasbourg dans le même but. Un rassemblement de 60 000 personnes a eu lieu dans la capital européenne, mais l’appel pour que l’UE face pression pour obtenir la libération Abdullah Öcalan et qu’elle cesse de soutenir la politique violente du gouvernement Turc, n’a pas été entendu. Depuis , un groupe de kurdes observe toujours une grève de la faim illimitée dans une église strasbourgeoise.

Comme celui de l’Ira ou de l’Eta, le problème kurde semble trop complexe pour susciter l’attention des français. Il relève pourtant d’un abus de pouvoir qui met à mal nos principes démocratiques. Questionner son actualité paraît d’autant plus prégnant qu’elle s’inscrit au croisement des grandes restructurations politiques du Moyen Orient.

« Nous devrions aller sur la place de la Comédie, plutôt que de rester ici où nous sommes invisibles », pense un gréviste. Mais les gens ne se soucient pas de nous et les jeunes sont dépolitisés, lui répond calmement un autre. Tous deux ne mangeront pas ce soir.

JMDH

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